Avril est sans conteste LA période de l’année pour découvrir le Népal et son incroyable culture. Pourquoi ? Puisqu’il s’agit du mois du principal Nouvel An népalais. Les festivals de la vallée de Khatmandu, et en particulier celui de Bhaktapur, deviennent des étapes incontournables pour votre voyage.
Revenons au début : les calendriers népalais
En ce mois d’avril 2021, le Népal fête son entrée dans l’année 2078. Le calendrier officiel népalais (Bikram Sambat) commence en 57 avant JC, début du règne du mythique souverain hindou Bikram. Il s’agit d’un calendrier lunaire comprenant 12 mois, chacun divisé en 2 quinzaines (la première “sombre”, la deuxième “claire”).
Mais ce n’est pas tout ! Deux autres calendriers ont aussi cours au Népal :
- le calendrier newar (Nepa Sambat) : institué en 879 par les Newars, ethnie historique de la vallée de Kathmandu. Il s’agit d’un calendrier lunaire dont chaque mois commence sur la quinzaine “claire”.
- le calendrier tibétain : institué en 127 avant JC. et adopté par les Sherpas, d’origine tibétaine. Ce calendrier lunaire associe à chaque année un couple conjuguant 5 éléments et 12 animaux (2148 – l’année 2021 du calendrier grégorien – marque par exemple l’année du Fer-Buffle).
Vous aurez compris la complexité du calendrier (ou plutôt des calendriers) népalais ! Pour connaître les dates des festivités, il faut chaque année attendre la sortie des patro (calendriers) établis par une commission spéciale d’astrologues (joshi).
© Nrik Kiran : https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Nrik_kiran
Quelle est la légende à l’origine de Bisket Jatra, le Nouvel An népalais ?
On raconte qu’une princesse était maudite de telle sorte qu’aucun de ses maris n’avait survécu à la première nuit de noce.
Un jour, le fils d’une vieille femme fut choisi pour devenir son époux. La vieille femme refusa, déclarant qu’il était son fils unique et unique soutien dans son grand âge. Mais rien n’y fit. Une mystérieuse femme intervint alors, assurant au jeune homme qu’il passerait la nuit s’il parvenait à ne pas s’assoupir.
Le soir des noces, le jeune homme resta bien éveillé. Aussitôt que la princesse s’endormit, il vit glisser de ses narines deux serpents mortels. Le jeune homme saisit son couteau et les tua d’un coup, libérant la princesse de la malédiction.
Le lendemain, on apprit que la sage conseillère n’était autre que la déesse Bhadrakali. On installa la divinité sur un immense char qui parcourut toute la ville. Le roi, fou de joie, fit pendre les deux serpents au sommet d’un mât, à la vue de tous, et fit célébrer la déesse et son époux, Lord Bhairab (Shiva), pendant de nombreux jours.
Bisket Jatra est ainsi surnommée le festival de la mort du serpent.
Venons-en au Nouvel An Népalais !
La légende a largement inspiré le Nouvel An du calendrier officiel népalais, Bisket Jatra. Dirigeons-nous vers Bhaktapur, à 15 km de Kathmandu. Les festivités de Bisket Jatra y durent neuf jours.
Les foules s’amassent dans les rues, les cortèges et fanfares se succèdent et les femmes de la communauté newar portent leurs robes rouges traditionnelles : la fête est haute en couleurs ! Durant le mois précédent le festival, deux énormes chariots (rathas) sont montés, l’un dédié à Bhadrakali, l’autre à Bhairab. Ils arpentent les rues de la ville, tirés par de grosses cordes qui font avancer ses larges roues aux grands yeux peints. Les chars donnent lieu à de grands tournois de tire à la corde et voient s’affronter des centaines d’hommes de la partie haute et basse de la ville.
La veille du nouvel an, les chariots sont descendus sur les bords de la rivière où un mât de 25 m (lingo) est érigé. Les hommes s’affrontent alors pour abattre le mât et ainsi terrasser les deux serpents, symbolisés par de larges rubans accrochés à celui-ci. Une fois le mât au sol, la nouvelle année peut commencer ! Si le mât tombe d’un bloc, la croyance veut que l’année soit bonne. S’il se brise, ce n’est pas de bon augure…
Pour découvrir en images Bisket Jatra :
Mais on ne s’arrête pas là : Sindoor Jatra & Jibro Chhedne Jatra
Après avoir savouré cette ambiance, nous reprenons la route pour quelques kilomètres jusqu’à Thimi pour y fêter le deuxième jour de Baisakh. Ici, les divinités sont juchées au sommet d’une trentaine de petits palanquins (khats) recouverts de guirlandes colorées. Ils sont portés dans toute la ville grâce à deux gros bambous posés sur les épaules des fidèles hindous. Pour marquer le Nouvel An et le début du printemps, les locaux chantent et dansent tout en s’aspergeant d’une poudre orange, le “sindoor”, qui recouvre progressivement toute la ville.
Pour découvrir en images Sindoor Jatra :
Quittons à présent la fête des couleurs pour se diriger vers Bode où l’on peut assister, le même jour, à Jibro Chhedne Jatra. Depuis plus de 400 ans, à cette occasion, un volontaire du clan Shrestha se fait percer la langue avec une fine pointe de 25 cm de hauteur. Il parcourt ainsi la ville, portant un ensemble de torches en feu sur ses épaules. Cette tradition commémore la libération d’un esprit traumatisant les habitants de la ville. Le jour où cet esprit fut capturé, on parada dans toutes les rues en l’exhibant, la langue percée. Depuis, cette tradition protège la ville des malheurs et des mauvais esprits.
Pour découvrir en images Jibro Chhedne Jatra :
Bien d’autres festivals népalais fêtent l’entrée dans la nouvelle année des différents calendriers usuels. Joie et couleurs sont toujours au rendez-vous.
Commentaires récents